1916. Lucie Cousturier, peintre néo-impressionniste, possède à Fréjus une maison qu'elle habite une partie de l'année. A quelques encablures du camp d' "hivernage" des tirailleurs sénégalais. Elle se met à recevoir ces Africains chez elle. Bien vite elle mesure à quel point ils ne correspondent à aucune des idées reçues … Et à quel point la langue constitue pour eux un obstacle absolu à toute communication avec le pays qu'ils servent : le sabir dit "Petit-nègre" est alors en usage dans l'armée !
Alors Lucie Cousturier se met à leur apprendre le français. Graduellement elle lie des relations d'amitié avec plusieurs de ses "élèves", et elle continue à correspondre avec eux lorsqu'ils repartent au Front. Elle découvre ainsi leur quotidien, les conditions de leur recrutement, leur vision du monde, de la France, et de la guerre. Étrangement dénuée des préjugés sociaux et raciaux de son temps, Lucie Cousturier nous livre un témoignage unique, direct et insolent sur la Grande Guerre et sur les troupes coloniales…
Le choix du texte de Lucie Cousturier ne doit rien au hasard : la compagnie La Poursuite explore depuis vingt ans la place de la diaspora africaine en France. Ce nouveau spectacle est une proposition pour ne pas oublier les soldats africains dans les prochaines commémorations de la Première guerre mondiale