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Le mystère de la météorite

  • Le mystère de la météorite
Genre : Marionnettes
Durée : 90

Synopsis
Quatre personnages, les Denous (ils sont deux), Monette et Mokhtar, s'interrogent à propos de la météorite de Chinguetti. Quelle est-elle ? Quelle est sa signification ? Quel est ce mystère, qui tout au long du vingtième siècle, tint en éveil la communauté scientifique ?
Deux méharées éprouvantes, des discussions avec des animaux "conscients", et quelques tribulations seront nécessaires pour résoudre cette énigme.
C'est en cherchant les moyens de raconter cette histoire et les solutions à cette énigme
que nos quatre personnages racontent la progression de la pensée de Théodore Monod au fil de ses longues méharées. A l'aide de marionnettes, de films d'animation, d'espaces sonores particuliers, la pensée est mise en situation et le récit devient un conte universel.


Distribution
d'après les œuvres de Théodore Monod
Ecriture et mise en scène : Laurent Vacher et Benoit Di Marco
Scénographie : Laurent Vacher et Benoit Di Marco
Avec : Bérangère Bonvoisin, Benoit Di Marco, Laurent Prevot, Dahirou Togo
Chant : Aïssata Kouyaté
Musique : Goudia Kouaté, Chek Omar Kouyaté
Création musicale : Goudia Kouaté
Création des marionnettes : Yaya Coulibaly
Création sonore : Etienne Bultinguaire et Thierry Couduys
Régie son :Romain Vuillet
Créateur lumière : Olivier Irthum
Conception film d'animation : Blias Yang
Réalisation : Blias Yang et Julien Thompson
Montage des images en direct : Francis Ramme
Construction scénographie et régie générale : Jérôme Lehéricher

Note d'intention
Aux alentours de Chinguetti, il y a quelques milliers d'années, une météorite est tombée. Elle est de dimensions gigantesques. Les légendes locales interdisent de la montrer aux occidentaux. Sidi Ahmed, le seul "guide" y ayant amené un occidental, meurt de façon violente dès son retour. Le commandant Ripert, chef de poste à Chinguetti, le seul occidental à l'avoir vu en 1916, ne pourra jamais en retrouver la piste ! La seule preuve de sa bonne foi : un fragment de météorite qu'il a ramené de son périple nocturne. La communauté internationale, en émoi après l'analyse de ce fragment, dépêchera des scientifiques et organisera de nombreuses expéditions. Mais aucune d'entre elles ne ramènera la moindre information.

Comment se peut-il que pareil phénomène reste invisible ?
Il faut percer ce mystère et retrouver "la plus grande météorite du monde". L'enjeu est de taille !

Alors, en 1934, le Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris (puisque la Mauritanie est alors un département français) envoie un jeune naturaliste, futur botaniste, océanographe et ichtyologue, futur directeur de l'institut Français d'Afrique Noire à Dakar, futur professeur au Muséum, un tout jeune passionné du désert, un homme dont le sérieux est déjà reconnu par tous, même si son caractère en fait parfois figure d' "original" : Théodore Monod. Il est alors âgé de 32 ans. Cinquante ans plus tard, après avoir quadrillé rigoureusement le désert autour de Chinguetti, il déclara à ses pairs que la fameuse météorite reste introuvable, et qu'il y a dû avoir méprise quant à la nature de l'objet observé. Mais dit-il vraiment la vérité ? Peut-être n'applique-t-il que la légende locale : "les occidentaux ne doivent pas approcher la météorite." En l'an 2000 Théodore Monod s'éteint emportant avec lui une part du mystère. S'il n'a à priori pas découvert la météorite, si sa matérialité reste encore invisible, il aura donné naissance à un mythe véritable, un nouveau "mythe moderne".

Quel mystère, quelle lecture symbolique sur l'histoire de notre planète et de notre humanité, cette météorite nous raconte-t-elle ?

Le prétexte formel de cette énigme, que nous appelons "le mystère de la météorite", nous permet, à travers cette action centrale, de révéler des personnages, de donner à entendre les réflexions philosophiques et les travaux scientifiques de cet homme qui traversa un siècle d'histoire à la vitesse du chameau, comme ci cette allure lui avait été nécessaire pour observer la terre, l'univers et comprendre ses contemporains.

S'intéresser à Théodore Monod, c'est suivre pas à pas un parcours, une pensée. Le parcours d'un homme dans le désert. C'est une longue méharée à travers le XXème siècle. Une longue méharée à la recherche de ce qui fonde l'humanité. C'est suivre le parcours d'un homme de Foi, n'appartenant à aucune chapelle, un témoin et un acteur du siècle dernier. Un homme qui osa affirmer que la quête ne s'est pas interrompue, qu'elle continue encore et continuera tant que l'Homme existera.

Laurent Vacher
Benoit Di Marco



De l'écriture à la scène
Nous aussi sommes partis dans le désert de l'Adrar, nous aussi avons cherché et même cru trouver la "météorite géante" par un beau jour d'octobre, nous aussi avons marché dans les dunes de sable de Chinguetti, nous aussi avons éprouvé la fatigue et l'omniprésence de cet horizon circulaire, nous aussi avons tenté ce face-à-face avec nous-mêmes que le désert impose.

Cela était indispensable à l'écriture du spectacle. Et tout en avançant pas après pas au milieu des grès de l'Adrar, nous relisions les œuvres de Théodore Monod. Et plus nous les relisions plus nous ressentions le lien étroit qui, petit à petit, l'a uni à l'Afrique.

Du jeune scientifique rigoureux tout juste sorti de la faculté des sciences au vieil homme médiatique et alerte, quel chemin ! Outre sa curiosité scientifique qu'il a pu assouvir en défrichant ces terres encore vierges, en en dressant une topographie précise, un recensement quasi exhaustif de la faune et de la flore, en expliquant le pourquoi du désert, le comment de la géologie, ce qui nous est apparu comme étant le cheminement principal de sa vie, c'était l'ouverture. L'ouverture à l'autre. Son acceptation, comme une loi fondamentale de l'hominisation de notre espèce. Comme le seul moyen de s'extraire de la "barbarie" ancestrale.
Car ce qu'il nous lègue avant tout dans son œuvre littéraire, c'est cette évolution. Bien qu'étant un homme du silence (ce qui nous fût confirmé à plusieurs reprises lors de nos rencontres avec quelques-uns de ses anciens guides !), il ne cessa d'essayer de comprendre et d'accepter "l'autre". Que ce soit par sa rencontre avec Amadou Hampâté Bâ ou par la confiance qu'il plaçait en ses guides quand il partait pour vingt-sept jours de traversée désertique sans point d'eau, partageant leur manière d'être, leur nourriture, c'est-à-dire quelques dattes et quelques arachides par jour, il a été happé par ce continent et par ses habitants. Au tout début de sa carrière on trouvera dans ses livres une écriture quelque peu scolaire et analytique, puis au fur et à mesure la parole se transforme, les pierres se mettent à parler, les animaux à interpeller les êtres humains, comme dans un conte africain. Et s'il est vrai que Théodore Monod fût l'un des précurseurs d'une pensée aujourd'hui admise, bien qu'encore trop peu écoutée, s'il est vrai qu'il fût un homme de combat ne cessant de prendre position sur les évènements politiques, refusant de prêter allégeance au régime de Vichy, signant le manifeste des 121 à propos de la guerre d'Algérie, exprimant clairement son aversion pour le nucléaire par exemple, ce qu'ici nous tentons d'explorer avant tout c'est son rapport à l'altérité (l'autre pouvant être tout aussi bien homme, animal ou végétal, puisqu'il les considérait tous comme des "êtres vivants").

Nous avons donc été amené à écrire une forme transversale, mêlant textes, musiques, marionnettes, sons, images et acteurs de cultures différentes pour tenter sur le plateau cette "rencontre", ce rapport à l'autre et finalement raconter au mieux le trajet de sa vie.

Et sans doute, s'apercevant qu'au 20ème siècle nous n'étions pas arrivés au bout de cette problématique, il avoua en 1992, lors d'une interview télévisée, qu'il fallait continuer à chercher la "météorite géante". A la chercher. Sous une dune. Quelque part. Dans le désert qui gagne aujourd'hui nos consciences.

Laurent Vacher
Benoit Di Marco

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