Slimane Azem (سليمان عازم), né le 19 septembre 1918 à Agouni Gueghrane en Algérie, et mort le 28 janvier 1983 à Moissac en France, est un musicien, chanteur, auteur-compositeur-interprète, poète et fabuliste kabyle. Il est le frère de Ouali Azem, député français de 1958 à 1962 sous la Ve République.
Biographie
Slimane Azem naît le 19 septembre 1918 à Agouni Gueghrane, dans la région de Kabylie, en Algérie, alors départements français.
À 11 ans, il devient employé agricole chez un colon à Staoueli, une station balnéaire près d'Alger. En 1937, il s'installe à Longwy en France métropolitaine et trouve un travail dans une aciérie pendant deux ans. Mobilisé en 1939, lors de la « drôle de guerre », à Issoudun. En 1940, il est réformé et s'installe à Paris où il est embauché comme aide électricien dans le métro parisien. En 1942, il est réquisitionné pour le STO par les Allemands dans les camps de travail de la Rhénanie jusqu'à sa libération, en 1945.
Après la Libération, il décroche la gérance d'un café dans le 15e arrondissement de Paris où il interpréte ses premières compositions. Remarqué et encouragé par Mohamed el Kamel, ancien de l'ensemble Bachtarzi, il persévère dans le chant. Slimane enregistre enfin son premier disque avec le morceau "A Muḥ A Muḥ". Traitant du mal du pays, ses disques s'arracheront chez Madame Sauviat, l'unique disquaire qui vend des albums d'artistes nord-africains et orientaux.
En 1955, il écrit en pleine guerre d'Algérie, "Effeɣ Ay Ajrad Tamurt Iw" (Criquets, quittez mon pays), une chanson où, il compare les colons français aux criquets qui dévastent les cultures et dévorent son pays. Elle est interdite par un arrêté du 22 juin 1957 de la République française.
À l'indépendance de l'Algérie, en 1962, Slimane Azem critique le pouvoir algérien, Ben Bella et Boumedienne dans des chansons vendues sous le manteau en Algérie, le pouvoir lui interdit tout retour dans le pays. Contraint de s'installer en France, il devient alors une voix légendaire que les Kabyles ne peuvent écouter que sur Radio Paris dans son quart d'heure kabyle quotidien. Azem est, de fait, interdit d'antenne dans son propre pays et ses disques ne circulent que sous le manteau ; on ne lira son nom, en minuscules que dans les brèves, d'un quotidien du bled.
En 1970 il obtient, avec la chanteuse Noura, un disque d'or l'imposant comme une des meilleures ventes hexagonales. Il devient sociétaire de la SACEM.
Au cours des années 1970, il fait des duos comiques avec le Cheikh Norredine et chante en français "Algérie, Mon Beau Pays" et "Carte de Résidence". Au fil des enregistrements, Slimane Azem conquiert un large public grâce à ses textes paraboles et s'impose comme un chanteur engagé politiquement.
Au début des années 1980, il vit dans une ferme à Moissac où il décèdera le 28 janvier 1983.
Hommages
Le chanteur Rabah Asma a repris certains de ses titres. En 1995, Lounès Matoub, symbole de la contestation culturelle kabyle, a repris le titre "Effegh A Ya Jrad Tamurt Iw", dirigé cette fois contre le pouvoir algérien, dont Matoub dénonçait les pratiques corrompues, le népotisme, l'absence de libertés.
En 2008, la ville de Moissac, en France, décide d'honorer le chanteur en baptisant un jardin à son nom. La ville de Paris a fait de même en décembre 2013 en baptisant une place dans le 14e arrondissement.
En 2020, HK et Les Saltimbanks lui rend hommage dans la chanson "Slimane" de l'album Petite Terre.
Chansons célèbres
"Dites-Moi Les Amis", chanson rendue célèbre par le film Les collègues (1999). "A Muh A Muh" traite des conditions de vie des immigrés ; "Effegh Ay Ajrad Tamurt-Iw" (Criquets, quittez mon pays) dénonce les conditions de la colonisation. "Ghef Teqbaylit Yuli Was" (Le Jour se lève sur la langue kabyle) est un hommage au Printemps berbère. "La Carte De Résidence", chante les difficultés de l'immigration et de la délivrance de ladite carte. "Algérie mon beau pays", chant nostalgique.
Discographie complète
Ma Tedduḍ A Nruḥ (a muḥ a muḥ première version 1942, sorti en 1945) Aṭas I Sebregh (avec Bahia Farah) Nek Akk-D Kemm (avec Fatma Zohra) Nek D lmir (en kabyle et en arabe algérien) Akka-Agi Id Yeffegh Lekhbar Amek Ara Nili Susta (en arabe algérien et en kabyle) Debza U Dmagh (avec Mohamed Hilmi) Lalla Mergaza Aẓar Di Tchina Annagh Ay A'Abuḍ (V1) Sell-Iw Ghef Nnbi Ay Ul-Iw Tub Llah Ghaleb A Rebbi lmudabbar (V1) Ata lqum Tikher-As I L'Abd Ad Yehder (avec Mohamed Hilmi) Idrimen Idrimen Ddunit Tettghurru Ur Ideqar Rebbi Ketch D Am'Iwen A Yul-Iw Ilik D Lhar Zzman Ikherweḍ Aḥbib N Wul-Iw Iruḥ Afrukh Ifirelles Ffegh Ay Ajrad Tamurt-Iw D aghrib D Aberrani Zzukh D lmecmel Iḍehred Wagur Neḍleb Rebbi Ad Agh Ya'Fu Berka-Yi Tissit N Chrab Nettruḥu Nettughal Yekfa Laman Inas I Leflani (V1, perdue) A Ya Tamurt-Iw (V1, perdue) Terwi Tebberwi Azger Ye'Qel Gma-S Leḥbab N Lweqt-a Zzman lghatti Akem Yekhd'a Rebbi A Ddunit Babaghayu A Muḥ a Muḥ (V2 : 1967) Amqerqur N Umdun Taqsitt G Emqerqur Inas I Leflani (V2 :1967) 19 Di Meghres A Tamurt-Iw A'Zizen (sur 2 rythmes) A Tigejdit Aha La La Annagh Ay A'Ebbuḍ (V2: 1967) Argaz N Tmettut A Rebbi A lmuddebar (V2: 1967/68) Ay Amuḍhin Ay Ul-Iw Henni-Yi Chfiɣ Ttugh Uk A'Yiɣ A Nekkar Leḥsan Wah Rebbi Wah Muḥend U Qasi Iya Wiyak A Ḥmed Qern Arba'tach Lful D Ibawen Tlata Yeqjan Duminu A ttnadigh Ad Cetkigh A Madame encore à boire Ament-As A Win Yellan D lfahem (Disque d'Or en 1970) Lweqt Agheddar Gummagh Ad Mektigh I Lukan Di Ulach Lukan Ul-Iw Baqi Yettkhemmim Wiyak A lfahem A Nkhemmem A Taguitart-Iw A Ya Tamurt-Iw (version 2 avec guitare seulement) Asefru Bu N Adem Dda Mezian Ddunit Zhar I'Ewjen Lejdud N Zik Nukni Id Nukni Si Muḥ U Mḥend Yenna-D Si Zik Tabrat Taqbaylit Taqsitt N Lewhuch Taqsitt N Muh Wa Ibennu Wa Yetthuddu Ya Muḥend Yir Lekhbar N Mmut Zik Ghilegh D Aqessar
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