Lotfi Attar, aussi connu sous le nom de "Lotfi Raïna Raï", est un guitariste, auteur-compositeur et chanteur algérien, né le 14 mars 1952 à Sidi Bel Abbès, leader du groupe mythique Raïna Raï et fondateur du groupe Amarna. Lotfi Attar est devenu le guitariste algérien le plus célèbre de tous les temps, dans son pays, au niveau du monde arabe et international.
BIOGRAPHIE
Origine et jeunesse
Lotfi Attar est un fils de chahid qu'il évoque très rarement, c'est l'une des raisons de l'amour patriotique qu'il éprouve pour l'Algérie et sa richesse musicale. Son enfance est profondément affectée par deux drames : la mort de son père, assassiné sauvagement par l'organisation terroriste de l'OAS à la veille de la fin de la guerre d'Algérie, et la disparition de son frère ainé, décédé à la suite d'un accident de voiture.
L'enfant de Sidi Bel Abbès, patrie du « Fen oua raï », est issu d'une famille originaire de Tlemcen par ses grands parents paternels. Il voit le jour le 14 mars 1952, dans un quartier pauvre de Sidi Bel Abbès, le quartier de l'Abattoir dont les habitants ont été déclassés par les injustices de la colonisation française.
Benjamin de la famille, il a grandi au sein d'une fratrie de cinq frères et une sœur, tous mélomanes, dont son frère ainé Kamel, musicien, considéré comme premier guitariste de Sidi Bel Abbès.
Une enfance marquée par la guerre d'indépendance
Quand la guerre d'indépendance a éclaté en 1954, le père de Lotfi était déjà dans le mouvement national avant de devenir militant du FLN, emprisonné plusieurs fois. Sa maison était un lieu de rencontres entre militants nationalistes dont Messali Hadj, figure de proue du nationalisme algérien et Ferhat Abbas, premier chef d'État de la République algérienne. À la veille de l'indépendance, en 1962, son père sera assassiné par un commando terroriste de l'OAS et la maison fut dynamitée. Toute la famille fut menacée de mort par les commandos de l'OAS, y échappa in extremis et se réfugia à Tlemcen.
Âgé d'à peine dix ans, ce drame douloureux marqua à vie le jeune Lotfi et ses frères que la guerre rendit orphelins. Avec la cruauté et les conséquences de la guerre, le jeune Lotfi n'a pas pu suivre régulièrement des études scolaires. Il a arrêté sa scolarité avec un Certificat d'études primaires, l'une des causes qui vont le pousser à devenir plus tard un autodidacte.
À l'âge de douze ans, en 1964, il perd son frère ainé Kamel, décédé à la suite d'une maladie. La mort de son frère va être vécue par lui douloureusement, avec le souvenir de la mort tragique de son père.
Débuts
En 1969, sa mère lui trouve un travail chez un horloger où il apprend le métier, mais sa vocation est orientée vers la musique, il y consacre tout son temps libre. A partir de l'âge de dix ans, il commence à jouer de la guitare sous l'impulsion de son frère Kamel, guitariste dans un groupe. A l'âge de 15 ans, il se met à la guitare électrique. Il économisa pour acheter en 1973 sa toute première guitare, une guitare électrique Fender Mustang de 1964, avec laquelle il s'est essayé au blues, Jimi Hendrix et Carlos Santana.
En 1971, il rencontre Rachid Baba Ahmed, le fondateur du futur studio d'enregistrement le plus grand d'Afrique, Éditions Rachid et Fathi, et de là, il commence sa carrière musicale. Il travaillera par la suite beaucoup avec lui.
Les Aigles noirs
En 1969, avec quelques amis, Lotfi Attar crée le groupe "Les Aigles Noirs" sous la férule de Frih Tayeb, un grand musicien qui jouait de plusieurs instruments. On interprétait alors les chansons pop occidentales dans les mariages. Il y avait dans le groupe, entre autres, Kada Zina, qui est le premier chanteur du groupe en question, Lotfi Attar, le guitariste, très influencé par Carlos Santana et Jimi Hendrix, et les guitaristes de blues.
Quelques années après, ils ont eu l'idée de reprendre une ancienne chanson, "Ya Zina Diri Latay".
Groupe Raïna Raï
Les anciens des Aigles noirs créent à Paris en 1980, le groupe légendaire Raïna Raï avec Lotfi Attar, Hachemi Djellouli, Tarik Chikhi et Kaddour Bouchentouf. Ce groupe est considéré comme le pionnier de la musique raï moderne (appelée également raï électrique). Ils connurent le succès dès leur premier album grâce à la chanson "Ya Zina" qui leur assurera un rayonnement international (Europe, Etats-Unis, Canada...). C'était le début du groupe et l'évocation d'une nouvelle identité où il revendique la musique raï. En juillet 1985, les membres du groupe se séparèrent juste après leur dernier concert à Alger. Les raisons de cette séparation sont multiples car Lotfi n'était pas d'accord avec ce qui se passait dans le groupe, notamment sur la question de son orientation, le problème avec eux était d'ordre musical.
Fin 2001, Lotfi reprend, avec Hachemi, Raïna Raï et ce, jusqu'à août 2003. Et là encore, ce fut la rupture à la suite d'une soirée animée à Béjaïa.
Depuis 2003, jusqu'à maintenant, Lotfi Attar a repris le chemin des grandes scènes des pays européens, et au Canada.
En 2015, Lotfi Attar remonte le groupe Raïna Raï, dont il est le leader à ce jour, avec certains membres des débuts du groupe, dont le batteur et membre fondateur de Raïna Raï, Hachemi Djellouli et le chanteur, Mohamed Guebbache dit Kada.
Groupe Amarna
En 1985, il crée avec son épouse Hamida (qui est parolière), le groupe "Amarna", dont il compose les musiques. Les textes créés par Hamida Attar pour Amarna s'inspiraient de poésie lyrique. Djilali Amarna était le chanteur du groupe. Amarna publie quatre albums : "Chouli" (1986) "Saf" (1986), "Waïle" (1987) et "El Ghaba" (1989). Durant la même année où le groupe Amarna était créé, c'est-à-dire en 1985, le groupe Raïna Raï s'est disloqué. Hachemi Djellouli, rentré de France, intègre Amarna. Pendant quelque temps, ils ont travaillé sous le nom de Lotfi et Hachemi. Amarna a enregistré beaucoup de succès.
Durant la décennie noire, Lotfi et son groupe ont pris des risques en montant sur scène un peu partout en Algérie.
Le groupe se reforme. En 2001, ils ont produit l'album intitulé «"Bye Bye ". Celui-ci était un prélude à la fin du groupe. En 2001, il constitue la troupe les New Amarnas. Ce groupe était composé de jeunes artistes, mais n'a pas pu s'imposer sur la scène.
Musiques de films
Il signe la bande originale du film "Harraga Blues", réalisé par Moussa Haddad et sorti en 2012. Il compose aussi la musique du documentaire sur la base-vie de Hassi Messaoud, réalisé dans les années 1990. Les Américains avaient d'ailleurs beaucoup apprécié. Il participe également à la musique du film, de Lyès Salem "El Wahrani".
En 2008 et 2010, il crée des musiques pour pièces de théâtre à Sidi Bel Abbès : "Topaze" de Marcel Pagnol, et "Rashomon".
Projets en cours de réalisation
En 2007, il réalise un projet qui lui tient beaucoup à cœur, un studio d'enregistrement à Sidi Bel Abbès, pour la promotion des jeunes talents, une sorte d'école pour initier la jeune génération à la musique.
Il publie des compositions plus personnelles, et a développé un nouveau style appelé Goumb Guits dans lequel la guitare électrique reproduit le son du goumbri (ou guembri), instrument traditionnel à cordes. Il cherche à faire évoluer par sa guitare d'autres musiques du monde non mises en valeur.
DISCOGRAPHIE
Raina Raï
"Hagda" 1983, auto-production (HTK Productions) dont deux titres furent utilisés dans la bande originale du film Tchao Pantin de Claude Berri avec Coluche.
"Raïna Hak" 1985, Édition Rachid et Fethi.
"Lala Fatima", 1990, Édition Rachid et Fethi.
"Mama" 1993, Musidisc.
"Bye Bye" 2001, Lazer Production.
Amarna
"Chouli" (1986), Editions Rachid et Fethi.
"Saf" (1986), Sadi Disques.
"Waïle" (1987).
"El Ghaba" (1989), édition Celluloid.