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Né en Kabylie dans le village d'Aït Lahcêne, Hamid Cheriet, dit Idir ("Il vivra" en kabyle) a commencé sa carrière par un radio-crochet à la radio- télévision algérienne en 1973, puis à Paris avec un tube demeuré inoubliable, et devenu un hymne : "A Vava Inouva" "Mon petit père". Douceur, balancement de la mélodie, arrivée de la guitare empruntée au folk et à la chanson à texte : voici comment les Kabyles (Idir, Aït Menguellet, Matoub Lounès, Ferhat), appartenant à un groupe dit minoritaire et parlant le tamarzight, "la langue de l'homme libre", et non l'arabe, ont changé la face de la musique algérienne. "A l'époque, dit Idir, les canons du bon goût étaient ceux du Moyen-Orient. La chanson kabyle a remplacé les quarante violons d'orchestre par deux guitares et deux voix. "Garder ses racines pour explorer le monde" : telle pourrait être sa devise Depuis les années 70, il demeure un mythe, un représentant de la culture kabyle, auprès de la communauté algérienne en France, majoritairement kabyle. Les plus jeunes l'aiment comme un grand frère de philosophie. Défendre la langue berbère, la richesse des différences culturelles, le droit à la poésie et la démocratie éclairée sont quelques uns de ses préceptes. En 1980, Idir, de Paris, accompagne "le Printemps berbère", révolte contre le pouvoir central, et les massacres de civils dans les années 90. Idir n'a cessé d'appeler à la réconciliation nationale, à l'anti-fanatisme, en organisant un concert commun avec l'arabophone Khaled en juin 1995, ou en participant à l'hommage à Matoub Lounès assassiné en juin 1998. Idir n'a composé que trois albums : A Vava Inouva en 1976, Nos enfants en 1979, Les chasseurs de lumières en 1993. Identités est son dernier album : "C'est un Tribute To où je suis le seul présent partout", un hommage où Idir demeure maître et servant de ses chansons. "Que ces gens veuillent partager des chansons avec moi est une forme de reconnaissance", dit-il. San Francisco de Maxime Le Forestier devient Tizi- Ouzou, et la maison bleue, "le symbole de la contestation et de la volonté de vivre la culture kabyle". Un duo avec le breton Alan Stivell, et toujours cette extrême délicatesse des flûtes, des voix, de la guitare. Six ans plus tard, Idir crée des titres inédits que d'autres ont composés pour lui, dont "A Tulawin" de Manu Chao. Loin de sa patrie, ce grand défenseur de la culture berbère continue son combat magnifique dont les armes sont la poésie et la musique. "Vivant pleinement en France, j'ai toujours la nationalité algérienne. Je suis un minoritaire ; ici et là-bas... Et, en tant que tel, je me sens appartenir à deux pays... L'un m'a enfanté et m'a donné une origine, une histoire et une identité. L'autre m'a adopté et m'a offert un parcours dans lequel je m'exprime totalement. Tel un enfant déchiré par la séparation de ses parents, je suis obsédé par le désir permanent d'établir un pont entre ces deux rives qui me sont chères, étant certain qu'elles ont une identité et une histoire à vivre ensemble. (?) La France entière est confrontée à ses identités. Je suis convaincu qu'il faut les mettre en valeur et qu'elles doivent faire connaissance les unes avec les autres? Le monde n'est viable que si l'on est différent ! (?) De toutes ces diversités se formera un terrain identitaire consensuel, dans lequel une majorité de personnes se comprendront. C'est pour toutes ces raisons que j'ai eu beaucoup de plaisir à faire ce disque avec des artistes que j'aime et dont les différences m'ont enrichi, en espérant leur avoir apporté quelque chose de mon côté... En tous les cas, ils m'ont permis de montrer que ma culture, aussi minoritaire soit-elle, peut s'inscrire dans l'universel." Discographie A Vava Inouva - (Pathé en 76) (Mon petit papa) Ay Arrac Negh - (Pathé en 78)(A nos enfants) A Vava Inouva Compilation (88 Blue Silver) Chasseur de Lumière (93 Blue Silver) Identités (Sony St Georges)
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