L’exposition, un récit
En 1974, j’étais avec une équipe d’Oxfam et le Croissant rouge algérien à la frontière avec le Mali, à Timéiaouine. Le Sahel était frappé d’une sècheresse prolongée. Lors d’un voyage précédent de traversée du Sahara, j’avais été confronté à la situation : des monceaux de cadavres de bétail le long de la piste, des gens qui mangeaient ce qu’il restait de feuilles d’arbres. Eleveurs, les Touareg sans leurs animaux mouraient par milliers. On pensait que ce peuple allait disparaître, à la fois pour les raisons climatiques mais aussi politiques, et avec lui sa culture. J’ai voulu en avoir le cœur net. Dès 2003, j’ai fait circuler dans la région du Hoggar mes photos de 1974.
« Tekouken, ah oui « Koukena », elle est morte malheureusement ». Mais on reconnaît bien Khoussini Ag Marly mon guide et ami, Bellou, l’ancien guerrier, Lalla, la chanteuse, Tehoknit qui chantait bien aussi, Najim qui était au service de l’armée, Hambu qui m’avait volé mes clés de camion puis mes sandales. En 2005, lors d’un circuit dans le Tassili du Hoggar, un des chauffeurs, Mulita, se reconnaît sur une photo, il avait 16 ans. Lalla et Tehoknit nous organisent un tende, forme de chant traditionnel, sous la tente à Tamanrasset. En 2006, je retourne pour photographier et interviewer ces personnes : satisfaction ou regrets vis-à-vis de la vie ancienne ? Je rencontre Hamza, qui défend et enseigne la langue Tamahaq et l’écriture Tifinagh au Lycée. En 2009, grâce à Mulita, nous retrouvons à Timéiaouine Souhajetta, un peu triste, Mella qui se souvient de tout, Loyssa qui réclame de nous voir, Soudrat, un peu malade mais qui porte toujours des amulettes comme en 1974, Hella qui était petite fille à l’époque, enfin Titi, retrouvé dans son campement au-delà de la frontière, qui nous accueillera avec beaucoup de chaleur et des plats traditionnels.
L’exposition montre, sous la forme de longues photos-récits, ces rencontres particulières, témoignage du passé, lien avec le présent, pistes pour l’avenir. Les Touareg, c’est surtout une culture qui ne tient pas à disparaître mais à s’adapter et se moderniser.
Entrée libre
Ouvert du lundi au vendredi de 9h à 17h et le soir à l'occasion d'activités.