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Face à la pauvreté affligeante de la production congolaise récente, les nouveaux albums de ces deux rescapés parmi ses vétérans font figure de chefs d'œuvre, même s'ils n'apportent pas grand chose à leur gloire…
Chez Tabu Ley, la perfection est le minimum. Ce torrent de miel emporte sur son passage tous ses successeurs : " tout ce qu'ils font, sans résultat ", susurre-t'il en ricanant doucement. Les cuivres (trop chers) ont presque disparu, mais chœurs, guitares et percussion gardent la grace première de l'âge d'or de la rumba,, quand les producteurs européens se précipitent vers ses ancêtres (Moundanda, Wendo, Kékélé, etc.)
Même quand surgit l'inévitable rappeuse (pas mauvaise) le fleuve Congo continue de couler et reprend vite son cours nonchalant. Le lingala est la langue la plus musicale du monde, si belle que même quand Tabu Ley chante en français, mais avec le même vibrato (" Bébé ") le ridicule des paroles est submergé par la beauté de son timbre. On le préfère quand même en lingala, si je puis me permettre de faire la moindre critique à ce grand Monsieur, vraiment inoxydable…
On peut en dire autant de Sam Mangwana, qui continue de porter en lui, et avec tant de ferveur, le lyrisme lusophone de ses origines angolaises et de ses escapades francophones abidjanaises, sans s'éloigner de la rumba de Kinshasa.
Sam, c'est un authentique " sonero ", sûrement capable de chanter sans se faire remarquer dans un club de La Havane. Son nouvel album, résolument nostalgique, à le parfum des premiers jours des indépendances, quand Cuba fascinait l'Afrique autant par sa musique que par sa révolution.