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Nous étions assis sur le rivage du monde…

  • Nous étions assis sur le rivage du monde…
Genre : Théâtre
Rubrique : Théâtre

CANADA / QUÉBEC – FRANCE

De José Pliya
Mise en scène de Denis Marleau
Avec Nicole Dogué, Ruddy Sylaire, Mylène Wagram, Eric Delor
Ubu Compagnie de création

Une femme revient dans son pays et sur la plage de son enfance,
"le rivage du monde", elle attend des amis pour un pique-nique,
situation plutôt banale, mais un homme est étendu sur le sable qui
lui dit qu'elle n'a aucun droit d'être là, que la plage est désormais privée.
Il lui demande de partir, elle veut comprendre pourquoi il ne supporte pas
sa présence ; il finit par lui dire que c'est sa couleur qui ne va pas car "elle
est porteuse d'une mémoire qui n'a pas sa place" sur cette plage. Pouvonsnous
revenir au pays de l'enfance ? Pouvons-nous oublier ce qui divise les
hommes et les empêche de s'asseoir ensemble sur le rivage du monde ?
Cette plage interdite est la métaphore du gouffre qui se creuse entre les
hommes et les femmes, les blancs et les autres, le passé et le présent.
José Pliya, dramaturge d'origine béninoise, a écrit cette pièce lors d'une
résidence en Martinique, après quelques mois d'observation de la société
antillaise et de sa quête identitaire. Il écrit dans une langue puissante, imagée
et concrète en même temps, qui a fasciné Denis Marleau, lui qui aime
les écritures porteuses d'imaginaire, de Maeterlinck à Jon Fosse. Dans un
espace scénique d'une blancheur intense, les gestes des acteurs noirs écrivent
une partition troublante, la mer est hors champ mais on perçoit sa
respiration, elle est là comme un danger et une douceur, contrepoint à
l'espace interdit de la plage.

Nous étions assis sur le rivage du monde... est le fruit d'une commande. Une commande de la Scène Nationale de Fort de France dans le cadre d'une résidence de création en 2002. Je m'installais alors, avec femme et enfants, à la Martinique où je suis en résidence permanente.
Le thème de la commande était libre. Après quelques mois d'observation de la société martiniquaise, j'ai décidé d'écrire sur le thème de l'identité, sujet rémanent de la vie antillaise. J'ai pris le temps de vivre la Martinique et par la grâce de mes enfants de traverser intimement cette douleur de la quête identitaire. Ils sont martiniquais dans leur quotidien et ce sont eux qui m'ont amené, par leurs propos, par leurs questions, par leurs premières blessures, vers l'intimité du sujet.
De quoi s'agit-il ? Il est question de territoire.
Il est question de rapports premiers entre les êtres.
Il est question de l'autre.
Pour espérer savoir un jour qui il est, l'Antillais (donc l'homme) doit se poser la question de l'autre, de l'acceptation de l'autre ; non pas l'autre lointain et si différent (qu'il soit français de métropole, chinois, indien ou béninois et qu'il est si facile de rejeter) mais l'autre soi-même, ce je qui lui ressemble tant. Quels sont les liens obscurs qui régissent cette relation à l'autre et qui déterminent mon identité créole, mon identité humaine ? Sans apporter de réponse, la pièce pose les questions et tente de les articuler par le biais d'une langue. Quatre personnages mettent en enjeu, en conflit, la musicalité de leurs langues pour essayer de dire qui ils sont, d'où ils viennent, où ils vont et surtout s'il leur est possible de s'asseoir un jour, tranquilles, sur le rivage du monde...
La pièce écrite a circulé. Très vite. Très vite elle a intéressé des metteurs en scène du sud comme du nord et non des moindres. Dans les multiples intentions de mise en scène que j'ai lues, l'une m'a interpellé. Elle venait du Québec. Elle était brève. Elle disait : "Je viens de lire Nous étions assis... C'est une belle pièce. Si elle est libre, je voudrais la créer". Voilà comment j'ai rencontré Denis Marleau. Je connais son travail que j'aime et que j'admire. Depuis longtemps. Nous nous sommes vus. Nous nous sommes parlés.
Et je lui ai demandé de créer ma pièce. Pourquoi ? Parce que ce n'est pas seulement un partenariat entre un francophone du nord et un francophone du sud : c'est un metteur en scène du Québec qui se propose de monter la pièce d'un auteur d'origine béninoise avec une distribution haïtienne, martiniquaise, guadeloupéenne ; c'est un grand professionnel, qui, n'ayant plus rien à prouver vient partager, sur un coup de cour, son immense talent avec des artistes (assistance à la mise en scène, comédiens, comédiennes) de l'outre-mer; c'est un auteur qui travaille en étroite collaboration avec l'équipe artistique pour décoder le texte, appréhender ses enjeux multiples, expliquer les intentions conscientes et inconscientes et confronter nos imaginaires respectifs autour de la Martinique et de ses complexités.
C'est une rencontre aux confins de la francophonie et qui prouve que même si c'est compliqué, nous les artistes, sommes encore capables de nous asseoir ensemble, sur le rivage du monde...
José Pliya

Une création d'UBU compagnie de création (Montréal), en coproduction avec le Théâtre français du Centre national des Arts, le Festival de théâtre des Amériques, Les Francophonies en Limousin et le Centre Culturel de Rencontre de Fond Saint-Jacques, Martinique.
Ce projet a été réalisé avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Martinique, du Conseil régional de la Martinique, ETC Caraïbe et le Consulat général de France à Québec.
UBU tient à remercier de leur soutien financier : le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts de Montréal.

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