SPLA : Portail de la diversité culturelle
RDC-Cultures

Sur les Traces d'une vie en demi-teinte. Oeuvre mémoire d'un enseignant camerounais

  • Sur les Traces d'une vie en demi-teinte. Oeuvre mémoire [...]

Date de sortie : Lundi 01 octobre 2012
Genre : Biographie
Pages : 362
Rubrique : Littérature / édition

TRANCHES DE VIE SEXAGENAIRE DU CAMEROUN - AU TRAVERS DES MEANDRES D'UN METIER ESSENTIEL.
Moins de deux mois après la parution de son remarquable essai sur la vie de Léopold Ferdinand Oyono, passée au calibrage de son œuvre littéraire, Hilaire Sikounmo sort de nouveau du bois. Cette fois il est conforté d'un titre tout aussi accrocheur : Sur le Traces d'une vie en demi-teinte. Œuvre-mémoire d'un enseignant camerounais.
C'est a priori de l'autobiographie de par la formulation de son appellation ; alors que le contenu révèle des particularités notables. D'ordinaire une œuvre littéraire de ce genre part de la tendre enfance vers la fin de l'adolescence ; en tout cas, de préférence elle fait plein-feu sur la saison la plus innocente de la vie de son auteur ou commanditaire. Les plus connus et représentatifs de cette catégorie narrative dans l'univers négro-africain c'est L'Enfant Noir (Camara Laye), Black Boy (Richard Wright), Amkoullel, l'enfant peul (A. H. Bâ) ou Climbié (B. Dadié).
L'âge de la responsabilité - pénale surtout - les écrivains avisés sont plus prudents, portent soigneusement des gants blancs, pour pouvoir l'étaler, même incognito, aux regards indiscrets, notoirement corrosifs du grand public, quelque peu effarouché par cette propension des scribes à l'auto-encensement plus ou moins voilé ; ils prennent donc des risques probables - peut-être calculés - en laissant à la portée de leurs lecteurs des séquences entières de leur existence, en général déjà en pleine tourmente, dans leurs rapports à autrui ou à l'ordre établi.
Alors ils s'ingénient plus profondément à emprunter le biais de la fiction pour pouvoir se livrer - par bribes ou au fil des déroulements de quelque ampleur et tant soit peu intéressants de leur vie intime, de leur vécu, de leur savoir-être, tout cela cependant enrobé d'artifices stylistiques, d'un savant flou poétique, en un condensé superposition de maquillages.
Les moins disposés à la mystification peuvent tout simplement se présenter à la troisième personne du singulier. Tout en se laissant parfois aller à la petite farce de clerc dûment réquisitionné, si ce n'est en avocat auto-constitué d'un personnage des plus attachants, déniché au hasard d'une rencontre fortuite, ou en humaniste "modeste" révélateur d'une grande victime du destin tout à fait ignoré de ses contemporains, et éventuellement de la postérité si rien n'est fait pour sauver la situation.
A l'exemple de Amadou Hampaté Bâ dans L'étrange Destin de Wangrin où le captivant personnage éponyme n'est qu'une projection de l'auteur-transcripteur de sa dimension très peu connue d'instituteur tout à fait ordinaire issu de William Ponty, puis d'interprète de toutes parts courtisé de l'administration coloniale française; un homme d'action dynamique polyvalente des plus audacieusement entreprenants - en coulisses de préférence.
Une forte personnalité d'activiste de l'ombre assez éloignée de celle de l'homme profond, d'observation et de réflexion, de la légende qui conclut un jour son discours d'accréditation comme ambassadeur du Mali à l'UNESCO par cette phrase restée célèbre, parce que riche de significations pourtant guère évidentes pour tout le monde : "En Afrique, quand un vieillard meurt, c'est une bibliothèque qui brûle". Sur les pistes en filigrane, déjà perdues pour les générations les plus aliénées, qui doivent toutefois mener les plus dévoués, les mieux préparés et les plus assidus de nos chercheurs à la découverte, puis à la sélection, à l'adaptation et à la revalorisation collectives des meilleurs legs culturels du passé nègre.
Quant à Monsieur Sikounmo, sa pétillante narration ne s'est pas limitée à égrainer d'émouvantes authenticités de son enfance, ou à évoquer des espérances de son adolescence au point de départ de quelques ardeurs parfois naïves de sa jeunesse ; ou à mentionner des audaces cumulées d'un début de carrière des plus enthousiastes. Et il n'a pas beaucoup louvoyé pour étaler quelques-unes de ses propres lacunes - clairement avouées ou à déduire de l'exposition assez objective des faits, des situations vécues ou observées en témoin intéressé.
Il va doit au but, sans songer à prendre la précaution de la fiction la plus élémentaire ; pour se mettre à dérouler pratiquement toute une existence de pédagogue attentionnée de plus de soixante années qu'il est - le plus souvent à la première personne. Il est même descendu plus bas que sa date de naissance pour invoquer ses origines diverses, un assortiment culturel de sources vitales ; l'une d'entre elles relève quasiment de la légende. Celle de l'emblématique Mewa, en l'occurrence, "la grand-mère maternelle de [sa] grand-mère maternelle" achetée "aux temps immémoriaux", "sur un marché de femmes à Batié".
Le narrateur ne ferme pas non plus les yeux sur les graves interpellations de l'avenir : celui notamment de l'Education Nationale en situation de crise profonde, proche du coma éthylique, pourtant demeurée l'incontournable cheville ouvrière de notre évasion des effluves de la dominance néocoloniale, pour être en mesure de mieux diligenter notre vie en société, d'opérer la percée idoine d'une ouverture mature au monde ; sans quoi il y aurait grand risque de dissolution en pure perte de l'entité nationale, en dérive aggravée, dans une mondialisation anthropophage.

Structures

1 fiches

Partenaires

  • Arterial network
  • RDC : Groupe TACCEMS

Avec le soutien de