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Interdiction RDC du film "L'homme qui répare les femmes"

  • Interdiction RDC du film L'homme qui répare les femmes
© DR
Genre : Faits de société
Contact Thierry Michel Les Films de la Passerelle bur. +32 43 42 36 02 thierrym52@gmail.com
Pays principal concerné : Rubrique : Cinéma/tv
Mois de Sortie : Avril 2015
Publié le : 04/09/2015
Source : Communiqué de presse / Press Release
http://www.passerelle.be

À propos de l'Interdiction du film en RDC du Thierry Michel et Colette Braeckman "L'homme qui répare les femmes"

Selon des sources confidentielles, mais très fiables, et malgré les déclarations des autorités de la RDC comme quoi le film était autorisé en RDC, nous avions eu vent depuis peu que les projections du film au Congo seraient interdites, non seulement en septembre, mais aussi dans le futur. La presse internationale (Jeune Afrique,…) qui a contacté directement le Ministre Lambert Mende suite au communiqué de Belga, en a eu la confirmation claire.

Les négociations engagées ne pouvaient dès lors pas aboutir à une issue positive.
Mais nous avons cependant été très surpris des motivations invoquées par le Ministre de l'Information Lambert Mende pour justifier cette interdiction de projections publiques : "calomnies tacitement exprimées dans ce film contre l'armée congolaise" (Radio Okapi)

Mais ce qui nous inquiète, au-delà de l'interdiction de diffuser le film au Congo, ce sont les répercussions que cette position avoir sur la sécurité non seulement du Docteur Mukwege, qui comme vous le savez, est toujours "enfermé" dans l'hôpital de Panzi et sous protection des Nations Unies lors de ses déplacements, mais surtout sur les nombreuses victimes et survivants qui témoigne dans le film, car une atteinte (calomnie) aux forces armées congolaises est passible de poursuite judiciaire avec de lourdes condamnations.
Voici le commentaire "litigieux" qui illustre des archives du film et que le Ministre de l'Information Lambert Mende considère comme calomnieux.

"Ravagé par deux guerres successives, l'Est du Congo, déstabilisé, voit proliférer des groupes armés devenus incontrôlables. En quête de territoires et de minerais précieux, les milices hutus, les rebelles tutsis, les guerriers traditionnels congolais et des éléments de l'armée régulière sèment la terreur, au coeur des populations de ces riches provinces."
A ce titre, le rapport Mapping du Haut Commissariat aux Droits de l'Homme des Nations Unies a documenté de nombreuses exactions commisses par les groupes armées rebelles, mais aussi par les forces armées régulières. Ce document révèle les exactions graves des Droits de l'Homme et du Droit International Humanitaire entre 1993 et 2003. Les Nations Unies ont cependant décidé de ne pas citer les noms des présumés auteurs de ces actes, et la base de données du rapport est actuellement "strictly confidential."

Voir le rapport publié sur internet par les Nations Unies
https://www.google.com/search?q=rapport+mapping+rdc&ie=utf-8&oe=utf-8

Extrait

125. En dressant l'inventaire des violations les plus graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises sur le territoire de la RDC entre mars 1993 et juin 2003, le rapport conclut que la grande majorité des 617 incidents recensés, s'ils faisaient l'objet d'une enquête et d'un processus judiciaire, constitue des crimes internationaux, qu'il s'agisse de crimes de guerre commis pendant les conflits armés, internes ou internationaux, ou de crimes contre l'humanité commis dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique contre une population civile, ou dans de nombreux cas, qu'il s'agisse des deux.

126. En terme de justice, la réaction des autorités congolaises devant cette avalanche de crimes graves commis sur son territoire s'est avérée minime, voire inexistante. Ce peu d'engagements des autorités congolaises à poursuivre les responsables des sérieuses violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises en RDC n'a fait qu'encourager la commission de nouvelles violations graves qui perdurent jusqu'à ce jour.

973. Les interférences systématiques des autorités politiques et militaires documentées dans la section précédente sont incessantes. Suite à l'intégration de certains des auteurs principaux des violences passées au sein des FARDC, ces pressions risquent de s'amplifier au risque de devenir des obstacles insurmontables à la poursuite de certains hauts gradés responsables des crimes internationaux commis dans le passé. Et l'absence de procédures et mécanismes pour protéger victimes et témoins dans ces cas pourrait être tragique, avec des victimes souvent sans défense devant des accusés bien armés et portant l'uniforme. La sécurité des magistrats et des enquêteurs constitue également un problème qui peut décourager les meilleures intentions et entraver le cours normal des enquêtes et des poursuites.


En outre, depuis depuis 2003, les tribunaux et la justice militaire congolaise a poursuive et condamné dans de nombreux procès des éléments des FARDC, simples soldats et officiers supérieurs pour des violences sexuelles, mais aussi pour d'autres crimes de guerre et crime contre l'humanité.

Affirmer que l'armée congolaise est calomniée par le film est un argument peu crédible, car dans ce cas les verdicts rendus par la justice congolaise pourraient être également considérés comme "calomnie et atteinte à l'image des forces armées congolaises."

Enfin, afin de protéger à la fois le docteur Denis Mukwege et les victimes et survivants, nous avons décidé dans le film de supprimer les interventions des victimes qui citaient les noms de présumés coupables de ces meurtres, viols et autres exactions graves. Nous pensions également ainsi permettre au film d'être librement diffusés en RDC.

Ce ne fut malheureusement pas le cas.

Thierry Michel

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