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Cameroun : Interdiction de diffusion du film documentaire‏

  • Cameroun : Interdiction de diffusion du film [...]
Genre : Faits de société
Pays principal concerné : Rubrique : Cinéma/tv
Mois de Sortie : Mai 2013
Publié le : 05/07/2013
Source : Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH)
http://www.prnewswire.com/
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PARIS, 3 juillet 2013/PR Newswire Africa/ - L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), vous prie d'intervenir de toute urgence sur la situation suivante au Cameroun.

Description de la situation :

L'Observatoire a été informé de source fiable de l'interdiction de diffusion sur l'ensemble du territoire du Cameroun du film documentaire "L'affaire Chebeya, un crime d'État ?" réalisé par le journaliste et réalisateur belge M. Thierry Michel, qui retrace la procédure judiciaire ouverte à l'encontre de plusieurs membres des forces de l'ordre suspectés du double assassinat de MM. Floribert Chebeya Bazire, directeur exécutif de la Voix des sans voix (VSV) et membre de l'Assemblée générale de l'OMCT, et Fidèle Bazana Edadi, membre et chauffeur de la VSV, en juin 2010.

Selon les informations reçues, le 2 juillet 2013, la veille de son départ, M. Thierry Michel a été informé par M. Bassek ba Kobhio, fondateur du festival Ecrans Noirs de Yaoundé (Cameroun), qui se déroule actuellement du 29 juin au 6 juillet 2013, qu'il serait immédiatement refoulé dès son arrivée par la police des frontières, malgré un visa en bonne et due forme délivré par l'Ambassade du Cameroun à Bruxelles, donné sur base de l'invitation officielle du festival, suite à l'interdiction de diffusion de son film par les autorités camerounaises.

"L'affaire Chebeya, un crime d'État ?", qui figurait (dans la catégorie "Films étrangers") sur la liste officielle des films en compétition à la 17ème édition du festival Écrans noirs, a été supprimé du programme distribué à l'ouverture du festival. Le festival a soumis ce film, en même temps que d'autres, à la Commission nationale de contrôle des films cinématographiques et des enregistrements sonores, dite "Commission de censure", pour visa d'exploitation. Le 26 juin, la commission, présidée par la ministre des Arts et de la Culture, Mme Ama Tutu Muna, a décidé d'interdire le film. D'après les informations reçues, un recours gracieux aurait été introduit auprès de la ministre. Le 2 juillet 2013, la commission aurait informé le festival que l'interdiction du film aurait été levée.

Le festival aurait néanmoins décidé de ne pas projeter le film pendant le festival mais "dans un proche avenir et dans un contexte plus apaisé, en présence du réalisateur". Le réalisateur reste dans l'attente du visa d'exploitation du film.

L'Observatoire rappelle que ce film a déjà été interdit de diffusion en République démocratique du Congo en 2012. Le réalisateur avait même été refoulé le 8 juillet 2012 à l'aéroport de Kinshasa où il comptait présenter son film lors d'une projection privée du film[1].

L'Observatoire dénonce vivement ces faits et cette menace de refoulement en ce qu'ils ne visent qu'à sanctionner les activités de libre expression de M. Thierry Michel, dont l'objet est de contribuer à l'établissement des faits et de toutes les responsabilités dans le double assassinat de MM. Chebeya et Bazana[2].

L'Observatoire espère que le film pourra être présenté en compétition dans le cadre du festival et que Thierry Michel pourra retourner prochainement présenter son film au Cameroun.

Actions requises :

L'Observatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités camerounaises en leur demandant de :

i. Garantir la diffusion du film "L'affaire Chebaya, un crime d'État ?" sur l'ensemble du territoire du Cameroun et, de manière générale, le respect de la liberté d'expression des défenseurs des droits de l'homme et, en particulier, ceux participant à la lutte contre l'impunité ;

ii. Garantir en toutes circonstances la liberté de mouvement de M. Thierry Michel et de tous les défenseurs des droits de l'Homme depuis et vers le Cameroun, conformément aux instruments internationaux et régionaux de protection des droits de l'Homme ;

iii. Se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l'Homme, adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement :

* son article 1 qui stipule que "chacun a le droit, individuellement ou en association avec d'autres, de promouvoir la protection et la réalisation de tous les droits de l'Homme et de toutes les libertés fondamentales aux niveaux national et international" ;

* son article 6 qui stipule que "chacun a le droit, individuellement ou en association avec d'autres : a) De détenir, rechercher, obtenir, recevoir et conserver des informations sur tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales en ayant notamment accès à l'information quant à la manière dont il est donné effet à ces droits et libertés dans le système législatif, judiciaire ou administratif national ; b) Conformément aux instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme et autres instruments internationaux applicables, de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l'homme et toutes les libertés fondamentales ; c) D'étudier, discuter, apprécier et évaluer le respect, tant en droit qu'en pratique, de tous les droits de l'homme et de toutes les libertés fondamentales et, par ces moyens et autres moyens appropriés, d'appeler l'attention du public sur la question" ;

* et son article 12.2 qui prévoit que "l'Etat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d'autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l'exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration".

iv. Plus généralement, se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l'Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l'Homme ratifiés par le Cameroun.

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